Musée d'art neuf à Vitry

Publié le par ADAGE


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« Pénétrable jaune », de Jésus Rafael Soto, 1999, est exposé au Mac Val.
C'est l'événement artistique français de cet automne. A Vitry-sur-Seine, juste à la lisière de Paris, derrière la porte de Choisy, a ouvert un musée - difficile à trouver faute d'une signalétique appropriée dans la ville - : le Mac Val (Musée d'art contemporain du Val de-Marne, place de la Libération, 01.43.91.64.20.). Rien à voir avec un coup médiatique en cette période d'agitation banlieusarde, il s'agit d'un projet porté de longue date, sous-tendu par une recherche généreuse, parfaitement incarnée par sa nouvelle directrice, Alexia Fabre.

La collection du Mac Val formée à partir de 1982 contient 1.000 oeuvres dont 150 sont exposées. Elles sont dans un écrin sobre et lumineux, une architecture discrète tout en noir et blanc - 4.000 mètres carrés dessinés par l'architecte Jacques Ripault.

Le champ de cette collection reprise en 1998 est l'art français ou d'artistes étrangers ayant résidé en France. Ce musée est d'un excellent niveau et permet de remettre en perspective les effets de mode dont sont victimes certains plasticiens qui s'inscrivent - peut-être pas assez - dans l'histoire de l'art français contemporain. La collection permanente invite ainsi à redécouvrir des oeuvres importantes, comme une peinture abstraite réalisée à la bombe noire sur une toile blanche en 1967 par Martin Barré (1924-1993) ou des travaux au néon des années 1960 par François Morellet (né en 1926).

Une foule s'est précipitée le premier samedi de visite sur sa pièce qui produit des mots formés par des jeux de lumière lorsqu'on actionne une pédale. C'est alors qu'apparaissent successivement les mots « non, nul, con , cul », qui provoquent l'étonnement des visiteurs peu habitués à l'usage de ce vocabulaire grossier dans un lieu culturel.

La première salle est occupée par une immense installation de plastique de l'artiste cinétique Jésus Rafael Soto (1923-2005). Son « Pénétrable jaune » de 1999 est constitué de fils de plastique épais à travers lesquels on passe. On est envahi par la matière. Un espace de sensation rebaptisé « spaghettis » par les enfants qui parcourent l'oeuvre avec enthousiasme et s'accrochent dangereusement aux fils de plastique transparents.

Le Mac Val est aussi le lieu où l'on peut apprécier certains talents en phase de reconnaissance internationale. C'est le cas de Gilles Barbier(né en 1965) avec son installation « L'Ivrogne » qui montre un mannequin à son image, en état d'ivresse, au-dessus duquel pend une spirale haute de 8 mètres composée d'objets hétéroclites, références à ses idées confuses et fantasmatiques. Spectaculaire !

Seul bémol : la présence de quelques artistes qui tirent le propos vers une tradition française ennuyeuse et commerciale, comme Kijno ou Manessier, ou la disposition compliquée des tables colorées à vocation conceptuelle de Claude Rutault, qui risquent de faire perdre le fil. L'exposition temporaire (jusqu'au 19 janvier) est consacrée à Jacques Monory (né 1934), chantre du mouvement de la « Figuration narrative », connu pour ses scènes inspirées de films reproduites dans des tonalités monochromes, qu'on retrouve à Vitry dans une mise en scène sophistiquée de jeux de miroirs et de fonds bleus.

JUDITH BENHAMOU-HUET

Source : http://www.lesechos.fr/weekend20051125/swe_selection/4345765.htm

Publié dans Expos

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